Pour citer cette fiche

Guillemette, S., Gagnon, B., Beauchamps, M., Boutin, D., Hébert, D. et Lachance, S. (2024). La transformation de la posture de la personne praticienne-chercheure dans le cadre d’un doctorat professionnel en éducation. Ce que nous apprend la recherche (CRIFPE), 3(1). https://doi.org/10.18162/cqnalr.2024.3.1

CONTEXTE

Le terme « posture » renvoie à la réalité du corps : une façon de se tenir, de placer son corps, ses membres dans l’espace : « se tenir debout, penché, raide, détendu, etc. ». Elle s’illustre notamment par le funambule qui cherche à conserver un certain équilibre pour mieux se déplacer vers l’avant. La posture renvoie aussi à une attitude qui s’observe par la façon de se tenir dans l’espace. Ce sens initial est immédiatement lié à une situation dans laquelle s’opère sa façon de se présenter ou d’être (Viala, 2024).2

La posture professionnelle définit une attitude, une manière d'être dans l'échange, par exemple : « accueillir l'autre, le reconnaître dans son unicité, accepter d'être déboussolé dans la rencontre avec lui pour mieux l'accompagner vers ses solutions » (IRTS de Franche Conté, 2023)3. Pour Lameul (2008, dans Starck 2016), « une posture est la manifestation (physique ou symbolique) d’un état mental. Façonnée par nos croyances et orientée par nos intentions, notre posture sous l’angle épistémologique exerce une influence directrice et dynamique sur nos actions, leur donnant sens et justification » (p. 89).4 Pour Viala (1993) la posture peut devenir « une affaire d’image et se définir comme une façon d’occuper une position et d’ajuster son attitude à cette position » (p. 216). La posture est alors une affaire de gestuelle et d’attitude du corps, mais aussi une affaire de présentation de soi, par sa tenue au « sens de vêture » ou encore, par les mots.

Dans tous les cas, la posture suppose une manière de se comporter qui, en une même personne, peut varier selon les situations. Toute posture demande à être qualifiée par un descriptif par rapport à une situation, une position, des destinataires ou un contexte : posture d’accompagnement, posture critique, posture éthique, par exemple. La posture peut aussi se qualifier par son apport impropre, avantageuse ou mauvaise : « se trouver en bonne ou mauvaise posture » (Viala, 2023).5 Dans le cadre du doctorat professionnel en éducation (D. Éd.) la posture se rallie selon différents ordres : épistémologique, méthodologique, d’accompagnement, éthique, etc.

Posture de la personne doctorante ou docteure au travers des savoirs professionnels, quelques exemples…

Posture épistémologique / méthodologique

Pragmatisme
Analyse du milieu
  • S’assurer que le projet réponde aux besoins des personnes participantes.
Partage d’outils
  • Construire et partager avec les participants des outils qui servent leur quotidien.
Savoirs expérientiels
  • Répondre à une problématique issue d’un contexte professionnel réel.
Socioconstructivisme
Modalités
  • Codéveloppement professionnel.
  • Démarche appréciative.
  • Démarche collaborative.
Outils de collecte de données
  • Affiches collaboratives.
  • Groupe de discussion.
  • Entretiens semi-dirigés.
Construction des projets
  • Question de départ.
  • Modalités de travail.
  • Fréquence des rencontres, etc.

Posture d’accompagnement              

Prise de conscience
Développer la légitimité et la crédibilité auprès des collègues
  • Se faire confiance.
  • Voir la complémentarité des expertises.
  • Reconnaître mon apport.
  • Développer une approche réflexive sur les actions et ce qui sous-tend les actions posées.
  • Développer une confiance l’un envers l’autre.
Attitudes / Équilibre
  • Observation.
  • Ouverture.
  • Écoute.
  • Authenticité.
  • Questionnement sur la genèse de nos actions.

Posture éthique                                    

Démarche éthique
Éthique pour les autres
  • Bienveillance.
  • Critères de confidentialité en cours de projet.
  • Développement d’une démarche collaborative.
  • Laisser la place l’autre.
  • Parfois dirigé ou rassuré.
Éthique pour soi
  • Se distancier.
  • Prendre du recul.
  • Demeurer en cohérence avec qui je suis.
  • Espace pour parler, réfléchir et décider.

UN PROCESSUS SOUTENANT UNE TRANSFORMATION DE POSTURE

La posture de « la personne praticienne à celle de la praticienne-chercheure » au travers une démarche doctorale, est appelée à s’ajuster, s’adapter, voire se transformer selon le projet qu’elle mène, voire sa propre réflexion qui évolue au travers son projet. La transformation de posture « nécessite de prendre le temps, de se questionner sur son rôle sa posture épistémologique [dont] ses valeurs et ses présupposés » (doctorante). Cette transformation est d’une part, individuelle mais également collective chez les personnes doctorantes qui développent un sens de responsabilité par rapport à leur communauté professionnelle. Le passage par les diverses étapes du parcours doctoral trace la destinée, au sens d’une danse tout en conservant un équilibre entre « apprécier le voyage et sa destination [entre] presto versus lento » (docteure) alors que l’épreuve doctorale amène à « affirmer et consolider notre posture épistémologique et ainsi de vivre en cohérence avec sa propre identité; de reconnaitre son expertise et enfin, de se reconnaitre » (docteure).

Notes

1 Cette fiche synthèse a été réalisée avec les personnes ayant participé à une table ronde portant sur la posture développée par les personnes doctorantes dans leur parcours de formation au doctorat professionnel en éducation. Cette table ronde a eu lieu au Colloque du doctorat professionnel en éducation à l’Université de Sherbrooke en avril 2023. https://www.usherbrooke.ca/pfes/actualites/evenements/details/49724

2 http://ressources-socius.info/index.php/lexique/21-lexique/69-posture

3 http://www.irts-fc.fr/09SEPERFECTIONNER/fpdf/fiche.php?ref=432&numpole=pole3&coulpole=DF001A

4 https://journals.openedition.org/ripes/1124

5 http://ressources-socius.info/index.php/lexique/21-lexique/69-posture

Photo de Suzanne Guillemette

Suzanne Guillemette

Professeure titulaire
Université de Sherbrooke

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