Les comissions scolaires, parlons-en!
Les commissions scolaires du Québec vivent une remise en question sans pareille. Elle prend sa source bien sûr
dans la lourdeur bureaucratique tant décriée par plusieurs, notamment par des directions d’établissement,
mais également, et ceci est plus profond, dans la légitimité même de la gouvernance de cette organisation.
Lourdeur administrative, palier intermédiaire source de couts de gestion additionnels, légitimité douteuse d’un
gouvernement scolaire élue trop souvent par acclamation, etc. La liste est longue et s’allonge, complexifiant
d’autant l’analyse sérieuse et la recherche de solutions. Les collaborateurs à cette édition se sont penchés sur la
question et vous proposent un éventail d’exposés et de perspectives, allant des avantages aux inconvénients de
cette organisation. Voyons ce qu’ils ont à dire…
D’entrée de jeu, André Brassard, dans son article intitulé La commission scolaire au Québec : une institution
controversée!, procède à une analyse fort intéressante de la situation. Son texte s’articule en deux temps. La
première partie définit un cadre de réflexion dressant ainsi la table pour la seconde partie, où l’auteur présente
trois problèmes vus comme majeurs. Quelle formule privilégier ? Un texte qui met en appétit, à lire en premier !
Ensuite, Jean Bernatchez propose au lecteur un « exercice dialogique d’analyse politique appliqué au cas des
commissions scolaires ». Par ce jeu fort intéressant d’opposition des concepts, l’auteur navigue au travers des
enjeux de l’heure en éducation, sans perdre de vue, en toile de fond, les fondements mêmes de notre réseau. En
prime, au fil de son texte, il nous fait découvrir ou redécouvrir un visionnaire ! Un ancien ministre de l’Éducation…
Structure intermédiaire superflue, lourdeur administrative, légitimité… les commissions scolaires ne semblent
pas avoir la cote. Plusieurs affirmations émanent de nombreux acteurs aux horizons différents, ayant chacun des
intentions propres. Mais qu’en est-il véritablement ? Quelle image renvoie l’envers du décor ? Valérie Vierstraete
ouvre les livres pour nous. Avec références financières à l’appui et tableaux comparatifs, cette professeure agrégée
du département d’économique de la faculté d’administration de l’université de Sherbrooke propose une analyse
des sources de financement des commissions scolaires et une étude de l’évolution de leurs dépenses. Un contenu
très révélateur.
Puis, le point de vue de Josée Bouchard, présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec,
qui propose de réfléchir à l’avenir des commissions scolaires sous l’angle de la réussite des élèves. À travers
une perspective de l’équité des services à donner aux élèves, elle insiste sur la nécessité de conserver ce palier intermédiaire et même, de l’augmenter. Après avoir fait le constat d’un incontournable renouveau à cet égard,
Josée Bouchard propose des solutions permettant d’atteindre les objectifs poursuivis et de combler les attentes
des acteurs du milieu.
Président d’une commission scolaire, François Charbonneau en rajoute. Et si les commissions scolaires étaient
la solution ? Une lourdeur administrative certes, un contrôle du ministère jugé parfois abusif, sans aucun doute !
Alors ? François Charbonneau propose de changer nos lunettes.
Une date à retenir, historique et surprenante : 1841. À peine quatre ans après la révolte des Patriotes, naissaient
les commissions scolaires. Nous savons tous qu’il y a eu des écoles bien avant, mais y avait-il des commissaires
ou une forme quelconque de représentation démocratique ? Dans son article La genèse de la démocratie scolaire
- Les écoles de syndics, 1814-1838, le journaliste Jean-Pierre Proulx précise l’évolution historique qui a précédé
l’apparition des premières commissions scolaires. Une évolution aux allures de déjà-vu. Un retour vers le futur ?
La remise en question des commissions scolaires n’est toutefois pas l’apanage du Québec. Le phénomène est
également constaté au-delà de nos frontières et, notamment, chez nos voisins du sud. Dans son article sur
les commissions scolaires américaines, Jean Plante, professeur associé en administration et politiques scolaires
de l’Université Laval, nous présente la structure administrative américaine, ses bons et moins bons côtés. On y
découvre des similarités étonnantes avec le Québec.
Éric Caire, pour sa part, expose la vision de la Coalition Avenir Québec en matière de gouvernance et de
responsabilité scolaire. Pour eux, c’est clair, les commissions scolaires constituent un palier administratif inutile,
parce que trop lourd, et en quête de légitimité. C’est sur cette base qu’on retrouve chez l’auteur la promotion
d’une école plus autonome.
Pour Françoise David de Québec Solidaire, le débat sur l’existence des commissions scolaires en cache un autre,
plus viscéral en quelque sorte : l’adoption du « New Public Management » et la gestion axée sur les résultats.
L’importation perverse de ce concept issu de l’entreprise privée ne devrait-elle pas être au coeur des discussions ?
L’auteure invite les lecteurs à une réflexion sur certains aspects sociaux, prémisses d’un renouveau rendu nécessaire.
Et si on passait à une démocratie participative : enseignants, intervenants, parents, etc., tous regardant
grandir le Québec de demain ?
Mais la question demeure : la structure et les pouvoirs détenus par les commissions scolaires servent-ils réellement
la cause de l’éducation et, ultimement, les écoles qu’elles sont censées soutenir ? Cette question, Ghislain Labelle
l’a posée à Lucie Demers, présidente de l’Association des cadres scolaires du Québec (ACSQ), à Danielle Boucher,
présidente de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE) et à Gaëtan Neault, président
de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES). Leurs réponses fournissent un
éclairage concret mettant à l’avant-plan des préoccupations vécues au quotidien. La pyramide s’est-elle inversée ?
En somme, ce numéro de la revue vous offre l’occasion de voyager au coeur d’un débat qui soulève parfois
beaucoup de passions. Des auteurs de différents horizons présentent leur analyse, leur approche ou leur opinion,
tentant tour à tour de disséquer le sujet et de proposer des pistes de solution. Nous, du comité éditorial de
la revue, avons tenté de vous offrir le plus grand nombre possible de points de vue pertinents à ce thème.
Malheureusement, certains manqueront à l’appel. C’est le cas de la perspective de la ministre de l’Éducation et de
celle du Parti Québécois qui n’ont pas donné suite à nos invitations et relances répétées. C’est également le cas
de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) qui a décliné notre invitation
à collaborer à ce numéro. Néanmoins, la liste de nos collaborateurs est impressionnante, tant en quantité qu’en
qualité. Bonne lecture !
5-
Remise en cause de la
commission scolaire
JACQUES BERNARD, directeur
Centre de formation Le Chantier
Commission scolaire de Laval
7-
La commission scolaire au Québec :
une institution controversée !
ANDRÉ BRASSARD, professeur retraité de
l’Université de Montréal – professeur associé,
universités de Montréal et Sherbrooke
Chercheur régulier, CRIFPE