Novembre 2007 a vu paraître le livret national des compétences ; le socle commun des connaissances et des compétences a donc pris place dans les textes et dans les démarches, non sans susciter depuis ses débuts nombre d'interrogations. Dans ce cadre large, ce dossier s'intéresse plus particulièrement à la définition et à l'usage de la « culture commune » et de la « culture humaniste », telles que les textes relatifs à l'établissement du socle commun des connaissances et des compétences les définissent. Selon la méthode propre aux dossiers d'actualité de la VST, il réunit des travaux de recherches récents, français et internationaux. En outre, ce d ossier s'articule avec le colloque international « Français, littérature, socle commun : quelle culture pour les élèves, quelle professionnalité pour les enseignants ? », organisé par l'équipe Littérature et Enseignement de l'INRP, et qui a lieu à l'INRP le 12, 13 et 14 mars 2008.
Comment la littérature, objet d'étude dans le cadre scolaire, peut-elle et doit-elle s'articuler avec les attentes de culture commune et de culture humaniste, dans la mesure où la notion de compétence oblige à mettre à distance la stricte entrée disciplinaire, et comment participe-t-elle à la construction de l'honnête homme du XXIe siècle, homme de compétence culturelle ?
Après un rapide commentaire des notions en jeu, le dossier illustrera que la littérature a vocation à participer à l'élaboration d'une culture humaniste, dans une optique volontiers identifiée comme érasmienne : la pratique des belles-lettres construit l'individu en même temps qu'elle permet l'élaboration de valeurs communes, promesses d'échanges.
Si l'humanisme de la Renaissance européenne inspire largement la définition donnée dans les textes relatifs au socle commun des connaissances et des compétences (et particulièrement en ce qui concerne le pilier 5, « la culture humaniste ») et ne semble pas donner lieu à débats dans le champ historique non plus que littéraire, on n'esquivera pas les questions soulevées par l'établissement d'une culture commune dans le cadre du processus de Lisbonne.
Pourtant, la littérature et son enseignement ne manquent pas d'atouts pour répondre d'ores et déjà aux attentes d'une culture humaniste, même s'il s'agit de repenser méthodes et postures. L'approche littéraire, parfois méjugée, est un outil tout à fait adéquat pour construire notre modernité.