Auteur(s) : Endrizzi Laure
Après une scolarité obligatoire dominée par la nécessité de fournir un socle commun de connaissances et de compétences à une majorité d’élèves, avant une scolarité supérieure marquée par des impératifs de comparabilité des qualifications dans un contexte d’économie mondialisée, le lycée pourrait sembler le fruit de faibles enjeux ; mais de nombreuses réformes, récentes ou en cours, en Europe et ailleurs, nous autorisent à en douter.
Posséder un diplôme de fin d’études secondaires est désormais considéré comme une norme : l’OCDE, dans sa dernière édition des Regards sur l’éducation (2013), estime ainsi que ce sont 83 % des jeunes d’aujourd’hui qui devraient en moyenne terminer avec succès le 2nd cycle de l’enseignement secondaire au cours de leur vie. Il s’agit pourtant de moins en moins d’une fin en soi : les parcours semblent aujourd’hui devoir s’inscrire plus urgemment dans un continuum menant du « secondaire supérieur » au premier cycle de l’enseignement supérieur, même si ce continuum reste par ailleurs peu outillé concrètement.
Comment les systèmes éducatifs parviennent-ils à transformer leur enseignement secondaire supérieur pour soutenir cet allongement des études, voire pour favoriser l’accès à l’enseignement supérieur ? Quels sont les équilibres trouvés (ou pas) entre une formation générale humaniste et une formation utile pré-qualifiante ou qualifiante ? Dans quelle mesure l’offre d’éducation permet-elle un décloisonnement des différentes voies de formation pour rendre les orientations moins définitives?
Les réponses apportées sont nécessairement diverses d’un pays à l’autre. Les filières générales du lycée français ont en effet peu à voir avec « la » filière générale du gymnase suisse, et le baccalauréat français est très éloigné du A-Level anglais qui n’exige qu’une seule épreuve écrite. Plus que d’autres niveaux, le secondaire supérieur joue comme un puissant révélateur du contrat qui lie l’école et la société, au moment même où les formations commencent à se spécialiser.
Ce dossier se propose d’examiner ces variations à la lumière d’une analyse des offres de formation déployées dans le 2e cycle du secondaire dans la double perspective de préparer les élèves soit à entrer dans la vie active, soit à poursuivre des études supérieures.
Pour appréhender les logiques propres à d’autres systèmes éducatifs et mieux comprendre les spécificités des lycées à la française, nous avons travaillé en deux temps : après une étude minutieuse des modes d’organisation du secondaire supérieur dans quelques pays choisis (Allemagne, Fédération Wallonie-Bruxelles en Belgique, Province du Québec au Canada, Espagne, Suède et Suisse), nous avons réalisé une synthèse qui traite d’abord des enjeux propres à cet entre-deux qu’est le secondaire supérieur et qui rend compte ensuite des mécanismes de différenciation et des diverses voies de formation empruntées par les élèves entre 14 et 19 ans globalement. Synthèse (20 pages) et monographies (36 pages) sont téléchargeables séparément.